Kubernetes : colonne vertébrale des SI modernes
Kubernetes n’est plus réservé aux startups ou aux passionnés de DevOps.
Aujourd’hui, il est devenu la colonne vertébrale technique de nombreuses architectures d’entreprise.
Banques, e-commerces, industries, santé, cloud souverain…
Des services critiques tournent sur Kubernetes : API exposées, microservices métier, bases de données en cluster, traitements sensibles, pipelines CI/CD, applications front et mobile.
Mais avec cette généralisation vient un angle mort dangereux : la sécurité des déploiements.
Des compromissions qui ne sont plus rares
Les attaques ciblant Kubernetes sont en nette augmentation.
Voici quelques cas concrets :
- Une entreprise technologique s’est fait détourner ses ressources pour du minage de cryptomonnaies, via une image publique compromise déployée en production.
- Une équipe de développement a déployé une application de test avec des droits cluster-admin. Un attaquant externe a utilisé cette brèche pour pivoter sur les bases de données de production.
- Un cloud provider a exposé un dashboard Kubernetes sans authentification forte. Résultat : plusieurs comptes clients ont été compromis.
- Un cluster mal isolé a permis à un attaquant de rebondir sur l’infrastructure interne d’un hôpital, stoppant temporairement le fonctionnement de certains services médicaux.
Ces incidents ne sont pas anecdotiques. Ils sont de plus en plus fréquents.
Les 10 failles les plus critiques observées sur les clusters
1. Charges de travail mal configurées
Conteneurs exécutés avec des privilèges root, ports ouverts inutilement, accès aux fichiers systèmes : chaque erreur est une porte d’entrée.
2. Vulnérabilités dans les images de conteneurs
Une image compromise ou obsolète, et c’est toute la chaîne de production qui est à risque. Les attaquants ciblent les bibliothèques non maintenues ou les dépendances tierces embarquées.
3. RBAC mal défini
Des autorisations trop larges accordées à des comptes utilisateurs ou services permettent une escalade de privilèges, voire une prise de contrôle complète du cluster.
4. Absence de politiques globales
Sans règles centralisées de sécurité (comme OPA ou Kyverno), chaque namespace devient une zone grise où les erreurs s’accumulent.
5. Manque de journalisation et de supervision
Sans logs ni surveillance active, une attaque peut durer des jours ou des semaines sans être détectée.
6. Authentification faible ou mal configurée
Des tokens exposés, des services internes accessibles sans authentification forte, ou des accès partagés entre équipes augmentent le risque d’intrusion.
7. Réseau non segmenté
Un pod compromis dans un cluster non cloisonné permet à l’attaquant de rebondir latéralement vers d’autres services, bases ou workloads.
8. Secrets mal protégés
Des clés API, identifiants ou tokens stockés en clair ou dans des fichiers accessibles ouvrent la voie à une exfiltration de données sensible.
9. Composants internes exposés ou mal protégés
Dashboard d’administration, API serveur ou Kubelet laissés accessibles deviennent des cibles faciles s’ils ne sont pas correctement restreints.
10. Logiciels obsolètes
Un cluster non mis à jour, c’est une faille connue, documentée, et souvent exploitable en quelques secondes. Les attaquants scrutent les versions exposées publiquement pour identifier les cibles.
Pourquoi ces failles sont critiques aujourd’hui
Parce que Kubernetes n’est plus une expérimentation, mais une plateforme cœur dans l’infrastructure des entreprises.
Et parce que chaque cluster mal sécurisé devient une passerelle vers le système d’information entier.
Kubernetes est souvent connecté à :
- Des bases de données métier
- Des systèmes de paiement
- Des environnements cloud
- Des outils de déploiement continu
- Des annuaires internes
- Des services exposés à l’extérieur
Une faille dans un cluster peut donc mener à :
- Des fuites de données clients
- Des compromissions de production
- Des usages frauduleux des ressources
- Des interruptions d’activité
Sécuriser Kubernetes, ce n’est pas optionnel
La complexité de Kubernetes ne doit pas être une excuse.
Elle doit être le signal d’alarme qui pousse à l’audit, à la vérification, et à la correction rapide des erreurs.
Les scans de vulnérabilités, les audits de configuration, l’observation réseau, les politiques centralisées et les revues d’images doivent faire partie intégrante du cycle de vie du cluster.